Les magistrats administratifs apportent leur entier soutien à leurs collègues judiciaires. L’USMA s’est mobilisée ce mercredi 15 décembre avec de nombreuses organisations syndicales dans plusieurs villes.
Les échanges entre juridictions administratives et judiciaires, par la voie du détachement notamment, nous montrent l’insuffisance criante de moyens humains et matériels que dénoncent les magistrats judiciaires. Ils sont astreints à une charge de travail objectivement impossible à accomplir même en travaillant durant leur temps de repos légaux, comme ils sont si nombreux à le faire. Dans des fonctions comme les nôtres, alors même que tous ou presque sont à bout, chacun se croit insuffisant s’il n’y arrive pas. Cette prise de parole publique est donc exceptionnelle.
Nous connaissons également, pour la vivre nous-même de plus en plus durement, la « logique » comptable et statistique qui a conduit à cette situation. Les magistrats administratifs sont eux-mêmes au point de bascule où ils seront bientôt contraints de baisser la qualité pour préserver des temps de repos déjà fort entamés. Ce point est dépassé depuis longtemps pour nos collègues judiciaires dont les outils informatiques sont très déficients. Comme à l’hôpital, la nouvelle gestion publique y a conduit à retirer des moyens sans égard pour les spécificités et réalités de terrain. Cela engendre également une souffrance éthique au-delà de l’épuisement.
Nous sommes très loin de ce que doit être la justice alors qu’elle est un bien commun à préserver.
Judiciaires ou administratifs, les magistrats sont présents dans toute la France. Leurs audiences sont publiques. Leur méthode de travail est le débat contradictoire. Les magistrats soupèsent ce qui est prouvé et ce qui ne l’est pas. L’invective visant à disqualifier l’autre sans examen de ses arguments n’a pas sa place dans nos débats.
L’Etat de droit n’est pas un vain mot. Il implique notamment la nécessité d’encadrer par la loi l’exercice de la puissance publique, la prévention de l’abus de pouvoir, la sécurité juridique, l’égalité devant la loi et enfin l’accès à un juge, indépendant et impartial, selon une procédure équitable.
Telle est l’importance pour nos concitoyens de la justice pour laquelle nous nous battons.